La chapelle de Notre Dame de Montfort de Treffort-Cuisiat.
La chapelle de Notre Dame de Monfort se situe au coeur du Revermont sur la commune de Treffort. Elle se situe en pleine nature près des ruines d’un château féodal appelé aussi château de palanche. Nous y reviendrons dans une prochaine chronique. En raison de son enceinte primitive constituée d’une forte palissade en troncs d’arbres, ce château devait être en fait un poste de guetteurs et c’est là qu’au signal donné par la trompe, les gens de Cuisit, Pressiat et de la Ferrolière venaient se réfugier avec leurs troupeaux. La date exacte de la construction de la chapelle n’est pas totalement précise; on parle du 12e au 14e siècle. Certains ont prétendu sans en avoir la preuve qu’elle fut l’église-mère de Cuisiat. Plus vraisemblable est l’hypothèse d’un historien dénommé Guichenon qui voyait en Notre Dame de Montfort la chapelle du château du même nom. En effet, jusqu’à la fin 18e siècle, c’était le seigneur de Pressait-Montfort qui nommait le desservant de cet chapelle et non l’abbé de Cigny dont dépendait pourtant la paroisse de Cuisiat. Il existait autour de cette chapelle un village dont il reste des ruines et aussi la présence de quelques arbres fruitiers.
La dernière ferme a été occupée jusqu’en 1830. Un évènement lié aux seigneurs de Montfort s’est inscrit dit-on dans la pierre. Sur l’angle gauche de la façade, on peut apercevoir à hauteur d’homme l’empreinte d’un sabot de cheval. Un seigneur de Montfort aurait tenté de pénétrer sur sa monture à l’intérieur de la chapelle. Comme consciente du sacrilège et pour désarçonner son cavalier impie, la bête effectua une telle ruade que la pierre en conserve encore la trace. Le peuple chrétien avait pris l’habitude de venir de très loin en pèlerinage à Notre Dame de Montfort. On y conduisait les enfants sujets aux frayeurs; on s’y rendait également pour demander la pluie et les femmes qui avaient à se plaindre de leur mari étaient parâit-il exaucées !. Le clergé ne yoyait pas toujours d’un bon oeil ces dévotions populaires, parfois entachées de superstitions.
A la Révolution, le culte catholique fut aboli et le 22 pluviose de l’an II, la chapelle de Notre Dame de Montfort fut vendue comme un bien national et dégarnie de tout son mobilier et sa cloche fut envoyée à Bourg en Bresse pour être fondue. La statue de la Vierge à l’enfant a été descendu à cette époque dans l’église de Cuisiat. On raconte que pendant sa descente à Cuisiat, la statue versait des larmes. Le 13 Messidor de l’an II, le conseil de la Commune pour éviter le retour du fanatisme proposa au Directoire de Bourg de faire démolir la chapelle. En fait, l’estimation de la vente des matériaux ne semblant pas suffisante pour payer les travaux de démolition et gra^ce à la clairvoyance du Maire de l’époque, Mamert Seysiriat, la chapelle échappa à la destruction. Cependant, elle ne fut pas rendue au culte. En 1950, elle servait encore d’abri à Maxime Rousselier, un éleveur de moutons. En 1973, l’édifice très dégradé menaçait de s’écrouler. Un comité de restauration fut crée à Cuisiat en association avec les Amis de Treffort et du Revermont.
Avec l’aide du Conseil Général de l’Ain, de la commune, des artisans locaux et avec le soutien de la population, la restauration fut menée à bien en seulement quelques mois. Les principaux artisans de cette restauration furent André Bidal pour la pierre, René Vulin pour le fer, Albert Chavagnat pour l’environnement et le maître d’oeuvre JM Dagnas. Le 29 juillet 1973, en présence d’Albin Mazuir, le maire de Treffort-Cuisiat, une première messe fut célébrée dans la chapelle restaurée par l’Abbé Michel Giboz, curé de Treffort-Cuisiat-Pressiat. Par la suite, Pierre Perdrix, le maire et son conseil municipal engagèrent de nouveaux travaux pour la toiture couverte en lauzes. Ceux-ci ont inaugurés le dimanche 12 juillet 2009 par Raymond Maire, l’édile de Treffort-Cuisiat au cours d’une cérémonie à laquelle participaient le prêtre de la paroisse et les habitants de la commune. De nos jours, une messe annuelle est encore célébrée dans cette chapelle de Notre Dame de Montfort.
Terminons par quelques informations techniques.
Les dimensions intérieures de la chapelle sont assez imposantes avec une longueur de 12,50 m, une largeur de 6,50 m, une haute maximum de 7,20 m et des murs d’une épaisseur d’un mètre. La voûte présente un arc en tiers-point. C’est un arc brisé inscrit dans un angle équilatéral. Cela permet ainsi de dater la construction du début de l’art gohtique soit 12e-13e siècle. Les vitraux furent exécutés par un maître-verrier de Lyon. Ils représentent les armoiries des deux plus célèbres seigneurs de Montfortà savoir Guillaume d’Antigny seigneur de Sainte-Croix et Etienne de la Baume, dit le Gallois, maître arbalétrier de France, maréchal de Bourgogne, seigneur de Valusin, Montrevel, Saint Etienne du Bois…. La statue de la Vierge à l’enfant est une copie remarquable de Notre Dame de Montfort, réalisé par Marc Voiturier de Treffort-Cuisiat. Cette sattuer en bois originale datée du 15e siècle conservée dans l’église de Cuisiat a été malheureusement dérobée dans les années 1990. A noter enfin qu’à la Révolution, les possesseurs par descendance de la seigneurie de Montfort étaient les De Froissard-Broissia. C’est un certain Marc Descher, propriétaire des terres de montfort qui les a vendues à la commune dans les années 1950. On raconte que le seigneur de montfort se raillait du seigneur de la Motte prétendant que ce dernier n’avait pas assez de paille pour boucher les fossés de son château. Il se disait également qu’il existait un souterrain reliant ces deux châteaux dans lequel le seigneur de la Motte se promenait sur un char tiré par deux grands boeufs.